La souveraineté numérique, c’est décider plutôt que subir les dépendances. Une conférence de l'Alenia Production Tour.
(Une conférence d'Alain Garnier, CEO de Jamespot. Vous pouvez regarder l'intégralité de la conférence sur Youtube ou lire le résumé ci-dessous).
La question de la souveraineté numérique n’est plus réservée aux experts en cybersécurité ou aux ministères. Elle s’impose désormais dans le débat public, dans les conseils d’administration, et jusque dans le quotidien des DSI.
Lors de son intervention à l’Alenia Production Tour, Alain Garnier, CEO de Jamespot, a rappelé à quel point ce sujet dépasse le cadre technique : il engage nos choix économiques, nos libertés juridiques et notre capacité d’innovation collective.
L’Europe dépense chaque année des centaines de milliards pour des services numériques venus de l’étranger. Rien qu’en France, près de 80 % des logiciels achetés sont américains.
Cela représente une fuite de valeur considérable : 264 milliards d’euros par an qui quittent l’Europe pour alimenter les hyperscalers.
Conséquence : nos entreprises perdent leur capacité de négociation et, à terme, leur pouvoir d’investissement local.
La dépendance n’est pas seulement financière. Elle est aussi juridique.
Des lois extraterritoriales comme le Cloud Act ou la FISA autorisent les États-Unis à exiger l’accès aux données hébergées chez leurs fournisseurs, même si ces données concernent des entreprises européennes.
Pour une organisation française, cela signifie une perte de maîtrise : les données ne sont plus seulement soumises à notre droit national, mais aussi à celui d’un pays tiers.
Derrière l’efficacité apparente des solutions dominantes se cache un danger plus insidieux : l’uniformisation.
Quand toutes les entreprises adoptent les mêmes outils, selon les mêmes standards, elles se privent d’une partie de leur liberté d’innover. Les marges de différenciation se réduisent, et la dépendance devient aussi intellectuelle : on s’aligne, on s’habitue, on arrête d’imaginer autrement.
Alain Garnier a insisté sur un point essentiel : souveraineté ne veut pas dire isolement.
Il ne s’agit pas de refuser tout partenariat ni de tout réinternaliser. La souveraineté, c’est retrouver le choix. C’est la capacité de dire “oui” ou “non”, de diversifier, d’équilibrer.
Le vrai risque, ce n’est pas de s’ouvrir à l’extérieur : c’est de ne plus pouvoir décider.
On a tendance à voir la souveraineté comme une affaire d’État. C’est vrai que les gouvernements jouent un rôle majeur : réglementation, financement, infrastructures.
Mais les entreprises sont aussi en première ligne. Chaque DSI, chaque dirigeant contribue, par ses choix quotidiens, à renforcer ou à réduire la dépendance.
La souveraineté n’est donc pas seulement une politique nationale. C’est une stratégie collective, qui se joue à toutes les échelles.
La conférence n’était pas seulement un constat. Alain Garnier a partagé plusieurs leviers d’action à la portée des organisations :
Changer ses habitudes n’est pas simple. Cela demande du courage, une vision de long terme et une volonté d’assumer parfois des transitions complexes.
Mais c’est un effort nécessaire. Car la souveraineté numérique n’est pas une option : c’est la condition pour que nos organisations restent capables d’innover, de décider et de créer de la valeur durable.
Comme l’a rappelé Alain Garnier lors de l’Alenia Production Tour, la souveraineté numérique n’est pas un slogan politique. C’est une question concrète, qui concerne chaque entreprise.
Le vrai enjeu est simple : voulons-nous continuer à subir les choix des autres, ou voulons-nous être capables de décider par nous-mêmes ?
Car la souveraineté, ce n’est pas se fermer. C’est rouvrir des possibles.